Cet article est le deuxième et dernier épisode de notre série sur le changement de vie lors du congé maternité. Dans le premier volet Céline vous a dévoilé comment elle avait mis à profit son récent deuxième congé maternité pour avancer dans son changement de vie. Voici ma propre expérience.
On dit souvent qu’avoir son premier enfant change la vie, aussi bien d’un point de vue organisationnel (évidemment!) que psychologique. Les priorités de la vie changent. En ce qui me concerne, l’arrivée de bébé E. aura davantage relevé de la confirmation de ma volonté de changer de vie que d’une épiphanie.
Contrairement à Céline j’ai eu la chance d’avoir une grossesse facile, sans aucun soucis. J’ai donc commencé mon congé maternité un mois avant naissance prévue de bébé E. En réalité même moins car j’ai continué à travailler depuis la maison pendant les deux premières semaines. En Angleterre il n’y a pas d’obligation de s’arrêter avant une certaine date lorsque la grossesse se passe bien. Certaines femmes travaillent même jusqu’à la dernière minute ! Dans mon cas j’avais décidé de partir un mois avant pour laisser un peu de temps pour cette transition vers la parentalité et réellement décrocher du travail qui aura été intense jusqu’au bout. Les congés maternité anglais sont en général assez longs car on peut partir jusqu’à un an, même si l’on n’est pas rémunérée durant toute la période. Dans un environnement où la garde d’enfant coûte une véritable fortune (de l’ordre de £1200 par mois pour une crèche en centre ville à Londres), le calcul est souvent vite fait pour les mamans et le choix de rester avec bébé au moins durant les premiers mois de sa vie est souvent rationnel. En ce qui me concerne j’ai décidé de m’occuper pendant au moins 9 mois de mon bébé, en ayant en tête que nous allions de toute façon très certainement rentrer en France durant cette période.
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La grossesse comme opportunité de faire place à de nouvelles perspectives
Prendre soin de soi durant la grossesse
La grossesse en soi est clairement un moment où l’on doit faire face à de nouvelles problématiques. En effet, on n’est plus seulement responsable de soi, mais également d’un être auquel on est en train de donner vie. Or s’il est vrai que la grossesse est un moment où l’on s’entend donner beaucoup d’instructions sur ce qu’on doit ou ne doit pas faire ou manger, on peut également saisir cette opportunité pour remettre à plat sa santé et son alimentation. Car bien souvent (hormis quelques exceptions), ce qui est bon ou mauvais pour une femme enceinte est en faite bon ou mauvais pour tout le monde! Nous avons donc continué nos efforts concernant notre alimentation: beaucoup de fruits et légumes, du bio autant que possible, pas d’alcool, du yoga, du pilates, de la relaxation… Futur papa Thibaud a suivi le rythme en même temps !
Et si on changeait d’avis sur notre projet?
Avec Thibaud cela faisait déjà plus d’un an que nous avions commencé à réfléchir à notre changement de vie. L’arrivée imminente de bébé E. n’était pas vue comme un obstacle à ces projets, au contraire ! Notre volonté de nous rapprocher de nos familles et de forger un mode de vie plus durable en était d’autant plus pressante ! Mais nous étions tout de même prudents et ouverts à tout chamboulement psychologique : et si l’arrivée de bébé E. nous rendait si inquiets sur les questions ‘d’avenir’ et d’argent qu’il serait préférable de continuer nos jobs de cadres de grande entreprise ? Nous avions conscience que nos priorités pouvaient changer donc nous nous laissions quelques mois pour décider définitivement quoi faire après la naissance.
Le choix de la naissance
Lorsque je suis partie en congé maternité, j’étais très occupée car bien entendu je préparais les derniers détails de l’arrivée de bébé E. : les couches, les biberons au cas où bébé refuserait le sein, l’emplacement du lit, la valise pour la maternité etc. Mais j’avais également beaucoup à faire pour me préparer à la naissance elle-même! J’avais fait le choix d’accoucher sans péridurale, à l’aide de l’auto-hypnose, ce qui me demandait pas mal de préparation au jour J: méditation, relaxation, visualisation. Futur Papa Thibaud était très impliqué également car il avait un grand rôle à jouer. J’étais d’autant plus volontaire pour cette préparation qu’il s’agissait de mon premier bébé donc je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer !
La grossesse a été l’occasion pour moi de réfléchir à quel type d’accouchement je souhaitais, comment je voulais faire venir ce petit bébé au monde. Si on m’avait dit avant ma grossesse que j’allais faire ces choix, je n’y aurais jamais cru. Mais après avoir beaucoup discuté avec Thibaud, m’être renseignée sur mes options, et grâce à la préparation d’un ‘projet de naissance’ avec la sage-femme, j’ai vraiment pu me projeter et faire des choix qui avaient du sens pour moi. J’ai beaucoup aimé cette période car elle aura été l’occasion de vraiment écouter et suivre mon corps, grâce à mon bébé.
Devenir maman ou faire du tri dans sa vie et faire des nouveaux choix de mode de vie
Faire du tri dans sa vie et prioriser
Une fois bébé arrivé, c’est bien entendu un chamboulement des habitudes de la famille. Avant de devenir parent, on n’a eu à s’occuper que de soi pendant des années. A la rigueur, se mettre en couple a quelque peu changé nos habitudes individuelles mais finalement assez peu car (en général !) le couple est constitué de deux adultes ‘responsables’ d’eux-mêmes. Un nouvel équilibre se met donc rapidement en place entre les habitudes de chacun et les habitudes de couple.
En revanche lorsqu’un bébé arrive, on doit prendre de nouvelles décisions, faire de nouveaux choix du quotidien, qu’on n’a souvent pas eu à faire pendant des années et auxquels on ne faisait même plus attention, liés à des aspects très basiques de notre vie: quoi/quand/comment manger/se laver/dormir… Pour soi ET pour ce nouveau petit être qui dépend complètement de nous. C’est souvent l’occasion de tout remettre à plat, de faire un grand ménage et tri dans sa vie sur ce qui est vraiment important pour nous et ce qui est superflu: est-ce vraiment important pour moi de regarder cette série le soir ? Ou est-ce que je préfère aller sur Facebook ? Si j’ai 10min, qu’est-ce que je préfère ?
Faire des choix pour son bébé
Quand on devient parent on doit également faire des choix pour son bébé. Choix qui ne sont malheureusement pas anodins car ils constituent la base de ce que sera la vie de ce nouvel être. Comment nourrir, soigner, vêtir mon bébé? Allaitement ou biberon ? Quel lait ? Cododo, cosleeping ou chambre individuelle? Couche lavable ou jetable? Parc ou pas? Et ça ce n’est que pour le matériel! A quelle heure dois-je le laver / coucher / nourrir ? Où devrais-je le promener ?
Lorsqu’on cherche à ne prendre des décisions que rationnelles et à étudier le pour et le contre de chacune de ces dizaines de décisions, on s’y perd! Il y a une phase où je n’arrivais même plus à avancer et à savoir ce que je voulais. A partir de là j’ai décidé de suivre ces principes pour toute décision concernant mon bébé :
- J’écoute d’abord mon instinct: bien souvent il fait preuve de bon sens ! Toutes les habitudes que j’ai mises en place me concernant telles que réduire les déchets, manger moins industriel, prendre soin de moi, etc sont également valables pour mon bébé
- Je ne serai jamais une mère parfaite. J’aurai beau faire tous les efforts qu’il faut, la perfection n’existe pas et je ferai des erreurs, mais…
- …il n’y bien souvent pas de bonne réponse à ces questions et…
- …aucune décision n’est irrévocable ! Certains choix ne fonctionnent pas dans certains contextes ou avec certains parents ou avec certains bébés! Il faut sans arrêt se remettre en question et ne pas hésiter à changer de route lorsque cela bloque. Cela permet de se remettre en selle rapidement !
Pour moi qui ait une personnalité très ‘bonne élève’, arriver à ces constats a été une véritable révolution psychologique !
Devenir maman ou donner du sens à sa quête d’un monde plus durable…
Devenir parent est bien sûr un véritable tournant. C’est là que la volonté de mettre en place un mode de vie plus durable prend tout son sens. Toutes les décisions que l’on prend pour ce petit être fragile sans qu’il puisse dire quoi que ce soit ont un sens. La volonté que l’on a de préserver le monde de demain devient plus réel: le monde de demain sera en fait le monde de mon fils. Or je peux avoir un impact, ne serait-ce que minime, sur l’existence et l’état de ce monde. Même si ce constat peut rapidement donner le vertige, il m’a également donné la force de continuer sur le chemin que nous avions déjà commencé. Chaque petit pas a redoublé de sens et de profondeur !
…tout en faisant des compromis sur sa vision du monde
Comme mentionné plus haut avec les décision du quotidien, parfois la réalité perturbe nos idéaux. C’est le temps des compromis…
Idéalement j’aurais voulu arrêter complètement de boire du café durant ma grossesse et pendant ma période d’allaitement. Sauf que j’ai remarqué que mes deux petits lattes quotidiens font partie de mes rituels de tous les jours qui m’aident à me sentir bien, où j’ai l’impression de prendre 5 min pour moi et qui me font vraiment plaisir (pour constater mon obsession, n’hésitez pas à aller voir mon article sur la café ;))
Idéalement j’aimerais n’utiliser QUE des couches lavables. Sauf que j’ai réalisé, malgré tous mes essais de différents types de lingettes que bébé E. avait systématiquement des fuites la nuit avec les couches lavables et que cela le réveillait. Compromis: couche jetable (mais la plus écolo et saine possible) pour la nuit pour que le sommeil de bébé (et le mien !) soit le plus préservé possible… J’ai aussi renoncé à utiliser des couches lavables lorsque nous sommes chez nos parents et nos amis car je ne souhaite pas leur imposer les couches qui sèchent partout dans la maison.
Idéalement j’aurais voulu allaiter bébé le plus longtemps possible, et passer directement à la nourriture solide sans passer par la case biberon. Sauf que je souhaitais me lancer le plus rapidement possible dans cette formation de 2 ans en herboristerie qui nécessitait un stage présentiel d’une semaine vers les 6 mois de bébé, ce qui nécessitait forcément de passer par la case biberon à ce moment là.
Ce n’est jamais facile de faire des compromis mais il ne faut pas perdre de vue les raisons pour lesquelles on a fait ces choix à l’origine. Souvent l’objectif est le bien-être de bébé et de la famille alors si cela ne permet pas de l’atteindre, pourquoi continuer ? Il faut également se dire qu’on aurait tout de même pu faire bien pire et qu’on aura toujours l’occasion de s’améliorer à l’avenir ! Peu de choses sont irrévocables.
Mais concrètement, comment préparer son changement de vie en congé maternité ?
C’est sûr, au-delà des petits pas du quotidien, prépare un changement de vie radical au moment où l’on devient parent n’est pas facile. Car il y a des ressources fondamentales au changement de vie qui deviennent rares lorsqu’on devient parent :
Le temps
Préparer un changement de vie, cela demande du temps, qu’en général on n’a pas quand on est parent ! La seule solution est d’être organisé et d’être très clair sur quelles sont les priorités. Pour nous, notre changement de vie et retour en France étaient nos priorités absolues. Nous parlerons dans un prochain article de notre méthode d’organisation et notamment de notre Kanban mais nous avons eu besoin de traiter le changement de vie comme un projet à part entière. Le fait que Papa Thibaud soit consultant nous a un peu aidé au début mais nous nous sommes rapidement rendus compte qu’il était important que ce soit moi qui me charge de ce projet et qui tire la locomotive car étant en congé maternité j’avais la chance d’être focalisée au quotidien sur l’importance de nos vies sans me faire happer par les difficultés quotidiennes d’un boulot extérieur. J’ai pris en charge l’organisation du calendrier, le budget etc
L’argent
Devenir parent c’est aussi commencer (ou bien passer à un stade plus avancé) à s’inquiéter pour l’avenir. Maintenant qu’on est responsable d’une autre vie que la sienne, qui plus est d’un être fragile et sans défense, on ne peut donc pas faire n’importe quoi! On doit assurer! Je dois avouer que je me suis assez rapidement décomplexée sur cette question. Je pense que ce qui rend heureux un enfant dans la vie est plus de voir ses parents sereins et heureux que l’argent qu’ils peuvent lui apporter. Du coup j’ai arrêté de penser que j’avais besoin d’arroser mon fils de cadeaux, d’écoles de renom, d’activités super chères en tout genre pour le rendre heureux. Par contre il est clair que nous avions la responsabilité d’assurer financièrement notre mode de vie pour qu’il ne manque de rien. Nous avons fait des recherches sur comment diversifier nos revenus tout en cherchant à réduire nos dépenses au maximum. Notamment pour l’arrivée de bébé, nous avons décidé de faire le choix de la récup’ et de l’occaz autant que possible pour les achats. Nous avons par exemple acheté peu de vêtements neufs, seulement les choses que nous n’arrivions pas à trouver d’occasion. Nous avons également acheté la poussette d’occasion, ce qui a représenté de grandes économies ! Nous avons également récupéré pas mal d’équipement de puériculture d’amies ou de voisines : la table à langer, le porte-bébé, chaise-haute, jouets, etc… Au niveau de notre foyer, j’ai également fait la chasse au gaspillage. Je me suis beaucoup inspirée du groupe des Licornes sur Facebook (le nom du groupe est ‘Gestion budgétaire, entraide et minimalisme’). Nous ferons bientôt un article plus détaillé sur comment préparer son changement de vie du point de vue financier.
La motivation
Avec la fatigue et le manque de temps, il est parfois difficile de garder le cap… Parfois nous avons juste envie de nous lover sur le canapé quand bébé E. s’était (enfin !) endormi le soir ! Nous avons trouvé deux solutions à ce problème
- Pour l’angle positif, nous avons essayé de garder l’excitation autour de notre départ en essayant de partager au maximum papa Thibaud et moi notre vision, comment nous imaginions cette nouvelle vie, ce qu’elle nous permettrait de faire… Mettre des mots, des images sur une idée vague lui donne du corps, ce qui nous a gardé motivés ! Nous sommes mêmes allés visiter des coins de Bourgogne pendant les vacances d’été pour pouvoir se projeter un peu et s’imaginer plus facilement ce que pourrait être cette nouvelle vie !
- Nous avons également essayé de parler autour de nous de notre projet, afin de pouvoir se nourrir de l’excitation et des retours positifs que nous pouvions recevoir de nos proches. Merci les amis! On a également échangé régulièrement avec Arnaud et Céline sur nos avancées pour maintenir le cap !
- Enfin, pour le côté bâton, nous avons fixé dès que possible une date pour notre déménagement. A partir de là, les dés étaient jetés ! Il fallait faire rentrer tout dans le planning pour que le déménagement se fasse dans les meilleures conditions possibles. Alors on passe parfois par des instants de panique mais cela fonctionne (surtout pour des procrastinateurs professionnels comme nous !)
Oui, le congé maternité est le moment idéal pour changer de vie! Cela ne veut pas dire qu’il faut absolument être enceinte pour pouvoir changer de vie, bien entendu ! Il n’y a pas de moment idéal pour opérer des changements radicaux dans sa vie. Mais l’arrivée d’un bébé est par nature un changement important dans la vie des parents et est souvent l’occasion de nombreuses remises en question. Tout ça peut être redirigé en efforts dans la direction d’un changement de vie !
Mes 10 commandements pour profiter de son congé maternité pour changer de vie
- Profiter de la grossesse pour reprendre en main son alimentation et prendre soin de son corps
- Rester cohérent entre ses aspirations et ses choix de (futur) parent, tout en étant prêt à faire des compromis, en se focalisant sur l’essentiel
- Rester ouvert aux changements de plan suite à l’arrivée de bébé
- Écouter son instinct
- Penser au monde que l’on souhaite laisser à nos enfants
- Trouver un mode d’organisation au plus vite et gérer son changement de vie comme un projet à part entière (et utiliser les outils qui vont avec)
- Ne pas trop se prendre la tête sur l’argent mais chercher plutôt à diversifier ses revenus
- Réduire ses dépenses inutiles et mettre fin au gaspillage
- Trouver des méthodes pour maintenir la motivation et l’excitation autour du changement de vie au quotidien
- Se mettre un peu de pression pour que le changement de vie arrive (date de déménagement par exemple !)
Blandine
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david
Bonjour,
ici la grossesse fut un mélange de vos 2 grossesses, la complexité médical comme pour Céline (bon un peu plus complexe encore pour être honnête), et le côté confirmation de nos choix précédents que vous.
Par contre, dés la naissance (difficile), il a fallu faire de gros compromis, donc on apprend à relativiser entre le possible et le voulu.
Pour les couches lavables, on a essayé et ça marche pas mal, sauf qu’on a pas prévu le poid du petit, donc là on est entre les couches taille standard et les minis qu’on a racheté pour avoir un peu de couches lavable.
Sinon, pour le cododo, le choix des parents ne convenait pas au petit, donc, il a là aussi fallu trouver un compromis pour que les parents puissent aussi se reposer!
Pour l’argent, je vous rejoins, le principal dont on besoin les enfants c’est de leurs parents et non du dernier jeu, de la dernière voiture ou autre.
En résumé, il faut garder le cap, mais faire des détours et des escales est normal pour un long voyage! 😉
Blandine
Merci pour ce témoignage David ! Le plus important est effectivement de rester clair sur les raisons de ses choix et effectivement de reconnaître qu’il faut parfois faire des compromis qui ne sont peut être pas pour toute la vie et permettront plus tard d’aller plus loin dans le respect de ses idées et de ses valeurs ! A bientôt!
Arnaud
Merci David pour ce partage d’expérience. Nous espérons qu’après un début difficile, tout va mieux maintenant. Céline
David
Merci pour votre message.
On fait aller, disons que l’absent de médecine en France ne nous aide pas.
Entre la sortie de l’hôpital sans la moindre info, et la difficulté à trouver un médecin, on fait un peu à l’intuition.
Le seul médecin trouvé est non conventionné, donc tarifs open bar.
J’attendais déjà pas grand chose de la médecine, mais alors là je reste abasourdi!
Ceci dit, le petit va bien, faudra juste qu’on s’occupe de l’important, une fois l’urgent traité!
(par exemple la vaccination, mais sans médecin, …. 😀 )