Avouons-le : nous pensons tous qu’à titre individuel, nous ne sommes pas responsables de l’évolution dramatique du monde dans lequel nous vivons. La plupart d’entre nous trions nos déchets, coupons le robinet en nous lavant les dents, voire essayons d’acheter bio et/ou local dans la mesure du possible. Autant « d’efforts » qui contribuent à forger un monde meilleur, plus juste et plus vert.
Eh bien malheureusement, force est de constater que nous nous berçons d’illusions, et ce pour plusieurs raisons :
- D’un point de vue environnemental, l’impact moyen d’un occidental sur la planète est tout bonnement catastrophique : si toute la planète vivait comme nous, français, il faudrait 2,5 fois la Terre pour pourvoir aux besoins de toute la population. Et ce malgré nos efforts de tri sélectif
- Nous avons, au fond, assez peu de références sur les impacts de nos actions : nous pensons que le tri sélectif est quelque chose de fantastique. Mais d’un point de vue environnemental, il serait bien plus efficace de ne jamais prendre l’avion (or, force est de constater que l’essor des transporteurs low cost a fortement développé la consommation de voyages « exotiques », et pas uniquement chez les CSP+)
- Enfin, comme évoqué dans notre article « peut-on changer le monde », nous sommes nombreux à penser (à tort) que tout (gros) effort individuel est inutile tant que la majorité n’a pas emboité le pas
A titre personnel, j’ai 2 convictions sur ce sujet :
- Ma première conviction, c’est que, contrairement à ce que nous pensons, nos comportements individuels ont un impact sur la manière dont le monde est organisé (et nous allons prendre quelques exemples pour le prouver)
- Ma seconde conviction est donc que si nous prenons la décision de changer de vie, nous allons changer nos comportements et donc contraindre le système à s’organiser autrement (idéalement pour le bien de tous !)
Changer de vie n’est pas simple, c’est certain. Cela demande des efforts souvent, cela demande des sacrifices même, parfois. Cela nous oblige à sortir de notre zone de confort, toujours. Mais c’est un excellent moyen de mettre nos actes en conformité avec nos convictions. Et c’est le seul moyen de changer un environnement / système / monde (appelez le comme vous voulez) qui ne nous plait pas. Car ne rien vouloir changer, c’est maintenir le statu quo et le fonctionnement actuel de la société.
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Quand nos comportements individuels ont un impact sur le monde : nous sommes tous responsables
Vous ne le savez peut être pas, mais je travaille depuis 10 ans dans des services marketing / communication / vente de grands groupes. J’ai eu l’occasion de côtoyer ou de collaborer avec de nombreux secteurs d’activité en relation directe avec les particuliers. Soyons clairs : dans notre système économique libéral, l’objectif des entreprises étant de maximiser le profit, le but est de vous vendre plus et/ou plus cher et donc d’utiliser des techniques pour vous convaincre d’acheter (les plus effrayantes actuellement étant celles utilisant les neurosciences – on appelle ça le neuromarketing – pour comprendre comment le cerveau fonctionne afin d’améliorer les techniques de persuasion et de vente). Mais les entreprises cherchent aussi en permanence à comprendre les attentes et les besoins des consommateurs que nous sommes, pour proposer les produits et services correspondant à ces besoins identifiés. Et c’est clairement sur ce point que nous avons tous, à titre individuel, une responsabilité pour que les choses changent. Prenons quelques exemples pour illustrer concrètement mes propos :
- On parle actuellement beaucoup du scandale de fuite des données personnelles de millions d’utilisateurs de Facebook. Mais savez-vous que cela n’a rien de surprenant, puisque Facebook (mais aussi Google et tant d’autres entreprises si « hype » de la Silicon Valley) gagnent des milliards grâce aux données personnelles que vous leur fournissez gratuitement ? Quand une marque veut par exemple pousser une publicité ciblant des jeunes de 25 à 35 ans vivant dans les 5 principales métropoles françaises, en couple et fans de métal, c’est très simple : elle va sur Facebook et sélectionne tous ces critères pour que la publicité soit poussée à ces personnes et uniquement à elles. Tout ça grâce à tous nos likes, nos partages et nos commentaires sur le réseau social
- On ne peut que constater que dans de nombreuses villes, des petits commerces ferment, des usines ferment ou se délocalisent, tout en voyant les centres urbains de plus en plus congestionnés par le bal incessant des camions / camionnettes de livraison à domicile. Nous avons tous pris le réflexe de commander des produits 24h/24 en ligne, livrés en moins de 48h directement chez nous. Et au pire, si ça ne nous plait pas, de le renvoyer sans frais grâce au colis de retour prépayé à disposition. Le tout pour le prix le moins cher possible, évidemment. Avons-nous cependant conscience du coût économique et social de ce comportement ? Il faut savoir que qui dit livraison en 48h d’un produit dit énorme entrepôt logistique où des magasiniers bossent comme des semi-robots dans des conditions difficiles. Il faut savoir que qui dit prix le plus bas possible dit production dans des pays à moindre coût et donc moins regardant sur l’impact environnemental mais surtout social de l’usine (sans parler des montages fiscaux douteux de ces multinationales qui font tout pour s’installer dans les pays où elles ont à payer le moins d’impôts possibles). Qui dit livraison à domicile dit bilan carbone très dégradé et millions de transporteurs mis sur les routes sans réelle optimisation des tournées : 15% du transport de marchandise du Grand Lyon viendrait du e-commerce (et je ne parle pas de la pollution de l’air engendrée par toutes ces livraisons).
- Dernier exemple : suite à la crise des laits infantiles contaminés aux salmonelles (venant, qui plus est, d’une entreprise ayant déjà défrayé la chronique pour diverses pratiques que nous qualifierons de discutables pour rester politiquement correct), peut-on estimer que les réactions des pouvoirs publics et des consommateurs ont été à la hauteur du scandale ? On peut m’objecter que l’entreprise a payé des amendes, vu son nom cité dans des journaux du monde entier, et sa marque parfois déréférencée de certains magasins. Certes, tout ceci est vrai. Mais, en tant que citoyen, n’aurions-nous pas pu pousser nos députés à des sanctions plus fortes compte tenu du risque que l’entreprise a fait courir envers nos enfants ? N’aurions-nous pas pu appeler au boycott de tous les produits du groupe pour que les rappels de produits douteux soient organisés plus rapidement ? Ce scandale est l’illustration du fait qu’à l’exception de « grands évènements » de type grève massive (comme nous le vivons en ce moment) pour mettre la pression pendant le vote d’une loi, nous, citoyens, avons perdu toute capacité à nous engager collectivement pour défendre nos droits ou notre santé quand l’occasion s’y prête.
Gardez en tête que le monde économique essaie, certes, de créer des tendances, mais cherche aussi, pour limiter les risques, à s’adapter à nos besoins du moment. Si vous voulez un prix bas livré chez vous dans la minute, des entreprises essaieront de vous servir… avec toutes les conséquences que cela peut avoir !
Changez nos comportements, c’est pousser le système à revoir sa copie
La suite logique des constats que nous venons de faire, est donc la suivante : si nous changeons nos comportements en tant que consommateurs, et si nous sommes toujours plus nombreux à le faire, un nombre croissant d’entreprise cherchera à s’adapter à ce « nouvel ordre » et proposera donc des produits et services adaptés à ce « nouveau besoin ».
Soyons concrets pour illustrer ce propos :
- Les GAFA vivent grâce à nos données personnelles ? Supprimez toute donnée personnelle inutile, toute photo de vous ou de vos enfants, renseignez même de fausses informations (sur votre âge par exemple) et supprimez régulièrement les cookies de votre ordinateur : si nous étions des millions à faire cela, la pertinence des publicités en ligne serait moindre, l’intérêt des entreprises pour ce canal de communication diminuerait et donc l’intérêt pour nos données personnelles serait amoindri
- Les objets connectés collectent à votre insu des tas de données sur vous, votre environnement et votre mode de vie. Sans que vous le sachiez, un objet connecté enregistre souvent tout un tas de paramètre permettant aux entreprises, derrière, de mieux vous connaitre pour mieux vous vendre leurs produits. Refusez d’acheter des produits connectés tant qu’une réglementation claire n’aura pas été mise en place pour que vous consentiez, ou non, à la collecte et l’exploitation de ces données (d’ici là, je pense qu’il est facile de se passer du pèse personne qui poste votre poids chaque semaine à vos contacts Facebook…)
- Si vous savez que telle entreprise ne paye pas ses impôts dans votre pays, alors qu’elle y dégage (contrairement à ses déclarations) un profit conséquent, achetez ailleurs : sur chaque marché, il y a des entreprises plus vertueuses que d’autres. Il suffit parfois simplement de se renseigner et d’accepter certaines concessions (comme le fait de ne pas être livré dans les 24h ou de ne pas pouvoir retourner sans surcout 9 des 10 produits que vous aviez commandé, juste pour voir….)
- Faites-vous livrer en point relais plutôt qu’à domicile. Je dois avouer que je suis loin d’être exemplaire sur ce point, tant c’est devenu une habitude naturelle de tout recevoir chez soi. Mais pensez que chaque année en France, ce sont près de 450 millions de colis qui sont livrés suite à une commande sur un site marchand ! Privilégiez toujours la livraison en point relais et n’abusez pas des facilités de retours ! Lire l’article de Socialter pour une piqure de rappel (salle-6.com/se-faire-livrer-chez-soi-crime/ )
- Consommez local plutôt qu’aller en supermarché, et apportez vos propres contenants plutôt que de solliciter des emballages jetables : autant de déchets en moins et de préservation de commerces et d’activités régionaux
- Ne choisissez pas systématiquement le prix le plus bas quand vous avez le choix (et la possibilité financière de le faire). Outre le fait que vous éviterez, souvent, d’acheter de la camelote, vous ferez passer le message aux entreprises que non, tous les consommateurs ne cherchent pas à minimiser leurs couts… à n’importe quel prix !
- Achetez des produits de seconde main, dans les brocantes ou sur des sites spécialisés. De la même manière, vendez ou donnez vos appareils ou vêtements encore en état « de marche » : il y a tellement de choses encore utilisables qui sont jetées, et donc de ressources naturelles non renouvelables gâchées, alors que la durée de vie de l’article aurait pu être prolongée
- Évitez au maximum de prendre l’avion, en ayant notamment en tête que chaque passager dans l’appareil émet l’équivalent CO2 d’une petite voiture qui réaliserait le même trajet…
- Empruntez des appareils que vous utiliser rarement (ou louez les) plutôt que de les acheter pour qu’elle dorment pendant des mois sous la poussière d’un placard sombre
- Etc, etc., votre créativité étant votre seule limite
Dans le cadre de notre projet Famille Durable, nous avons maintenant une posture « clé » pour changer nos comportements : nous nous posons systématiquement (enfin, pas tout à fait, mais c’est notre objectif ? ) la question des possibilités qui s’offrent à nous avant d’agir. C’est ainsi que nous en sommes venu, par exemple, à envisager le choix de vivre à 2 familles dans un même lieu : au-delà de la belle aventure humaine que cela représente, c’est aussi une manière de diminuer notre impact environnemental global en utilisant des pièces de vie commune, et donc de ne pas produire en double des appareils.
Nous avons le pouvoir de faire changer les choses
J’ai conscience que, pour certains, mon article pourra paraitre soit culpabilisant, soit moralisateur. Ce n’est pas mon but. Mon objectif, est, au contraire, très positif et optimiste : vous avez le pouvoir ! En tant que consommateur, vous êtes des millions, par vos choix individuels, à pouvoir orienter le monde économique et politique dans le sens que vous voulez. Si vous partagez notre vision d’un monde plus juste, plus soutenable, plus équitable et plus porteur de sens, alors vous devez, dès demain, vous poser cette question avant toute action : puis-je agir autrement pour que mon action oriente ceux qui vont me servir / ceux avec qui je vais interagir vers un comportement plus conforme à mes idéaux. Si la réponse à cette question est oui, vous savez ce qui vous reste à faire !
Arnaud
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