Ça ne vous a sûrement pas échappé : les « personnalités » (vous savez, cet euphémisme utilisé pour parler des célébrités, souvent du monde du cinéma, mais pas seulement) ne sont pas comme tout le monde. Confinées, ces « personnalités » se posent beaucoup de questions ! Alors certaines avaient décidé de commencer, dès le premier jour de confinement, à grands renforts médiatiques, leur « journal d’un confiné », initiative dont le soufflé est retombé plus rapidement que le volume des meringues que j’essaye désespérément de sortir du four depuis maintenant 10 ans…
Alors, à défaut de journal, c’est vers une autre de leur grande passion que nos « personnalités »se sont tournées : les appels collectifs.
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Zoom, Skype et What’s app n’étant peut-être pas suffisant pour combler le quotidien certainement devenu trop étriqué pour ces habitués des grands espaces, ce sont bien des appels lancés au monde à grand renfort de médias mainstream et autres quotidiens de référence que nos célébrités ont décidé de passer. A chaque jour qui passe fleurit donc son appel, comme les coquelicots dans les champs (ou les bouses dans un pâturage, c’est comme on veut).
Le 6 mai a été un jour particulièrement prolifique en ce sens : il a donc vu à la fois être lancé l’appel des 200 personnalités pour refuser le retour à la normale après la crise du Covid, mais aussi la publication des 100 propositions de Nicolas Hulot relayées par « une cinquantaine de célébrités internationales ».
200+100+50, le compte est bon mon capitaine. N’en jetez plus, la coupe est pleine !
Et si je dois bien dire que je partage plutôt le fond de ces tribunes, la forme m’exaspère au plus haut point, car elle a un impact totalement contreproductif par rapport au but poursuivi. En effet, même si, dans le fond, j’aurais plutôt tendance à dire qu’habituellement, je m’en tamponne le Cotillard, de ce genre de tribune, reliquat d’un monde qui se donne bonne conscience en appelant à un changement qu’il ne met pas en application dans son propre quotidien (cela va sans dire, c’est toujours aux autres de se remettre en question), dans le contexte actuel, je trouve ça totalement catastrophique. Mesdames et Messieurs les personnalités, le monde d’après n’attend pas vos « appels », vos « tribunes » pour se construire. Au quotidien, il y a des milliers, des millions d’hommes et de femmes qui se battent, dans leur « petite » vie, dans leur « petit » job, pour faire bouger les lignes. Lentement mais sûrement.
Alors certes…
… cela ne va peut-être pas aussi loin que les avions que vous fréquentez bien plus que le citoyen « lambda »
… cela ne va peut-être pas aussi vite que les voitures dont votre image fait la réclame
… cela n’est peut-être pas aussi clinquant que ces articles de luxe dont vous êtres les égéries
Mais ces petits pas ont le mérite d’être une réalité concrète à laquelle vous ne contribuez que marginalement.
Alors oui, typiquement, nous, qui faisons partie de ceux « qui ne sont rien », qui racontons notre petite histoire de changement de vie en famille sur notre blog « Famille Durable », avec toutes les joies, les peines, les difficultés que nous rencontrons à changer notre mode de vie, à renoncer à partir en vacances loin, à se nourrir localement et de saison, à éduquer nos enfants à connaitre et respecter la terre dans une région rurale après avoir lâché nos jobs en région parisienne.
Nous n’avons qu’une petite communauté de lecteur.
Nous n’avons pas le réseau, l’entregent nécessaire pour voir nos « Tribunes » relayées dans « Le Monde ».
Mais au quotidien, plutôt que de parler et ne pas faire, nous essayons de faire et ne point trop parler.
Et surtout, nous pensons que si nous voulons entrainer le plus grand nombre avec nous, c’est par l’exemple, et l’exemplarité que nous emporterons l’adhésion. Et non par l’incantation.
Chères personnalités, il est peut-être temps que vous en fassiez de même.
… Non pas quitter la Bretagne pour Los Angeles comme telle actrice française, mais au contraire, quitter L.A. pour la Bretagne et aider à nourrir le pays.
… Non pas continuer à encaisser les chèques grassouillets des marques du « monde d’avant » comme si de rien n’était, mais aligner vraiment vos actes et vos discours.
… Non pas accepter de céder aux sirènes d’Hollywood et des séries Netflix / Amazon / Disney + (ou aux subventions sonnantes et trébuchantes accordées au cinéma français financées par nos impôts…), mais peut-être mettre votre aura médiatique et vos compétences au service de tous ceux qui font bouger les lignes dans leurs villages, villes, départements et régions.
… Non pas prêcher sur les plateaux télé, mais agir, concrètement, pour diminuer votre bilan carbone / votre impact environnemental ou celui de l’industrie pour laquelle vous travaillez.
Peut-être qu’en lisant ces lignes, vous me trouverez particulièrement dur, et vous me direz qu’il y a des certainement gens très honnêtes dans leur démarche parmi les signataires / auteurs / « appelleurs » de ces tribunes. J’en conviens totalement et je ne suis pas là pour donner les bons et mauvais points à chacun.Mais à ceux-là, « personnalités » dont la conviction et l’engagement sont réels, je veux dire ceci : prenez garde de ne pas devenir les « idiots utiles » du système que vous prétendez combattre ! Car on voudrait tuer dans l’œuf les initiatives de transition qu’on ne s’y prendrait pas autrement : rassembler autant de symboles du monde d’avant dans des appels incantatoires ne peut que donner du grain à moudre aux climato-sceptiques et autres apôtres du « non changement » quant à la grande hypocrisie, justement, des mouvements de transitions.
Or, à nous qui sommes les acteurs concrets du « changement que nous voulons voir dans le monde », nous n’avons pas besoin de cela. C’est déjà assez difficile au quotidien de prouver qu’un autre mode de vie est possible dès maintenant pour ne pas que nos efforts concrets soient tués dans l’œuf par des tribunes (et des tribuns !) complètement déconnectées de la réalité.
Alors voilà : je ne veux pas être représenté par vous, chères personnalités.
Je ne veux pas que vous parliez en mon nom.
Je ne veux pas que vous deveniez le symbole d’un changement que vous n’arrivez même pas à mettre en place dans vos propres vies.
Le monde d’après ne se construit pas à coup de millions de dollars, de raouts médiatiques ou de grands écrits pompeux.
Le monde d’après se construit dans le silence, sur le terrain, entre les mains de ceux qui se taisent mais travaillent justement à faire changer le monde CONCRETEMENT dans tous les pans de leurs vies. Il se construit grâce à celles et ceux qui prennent des risques, personnels, professionnels et financiers, pour justement mettre en cohérence leurs pensées et leurs actions.
Chères personnalités, parlez moins donc et faites comme tous ces anonymes : relevez vos manches et construisez le monde de demain plutôt que l’appeler de vos vœux.
Vous rendrez service à tout le monde.
Arnaud, blogueur à famille-durable.com et petit acteur concret de la transition vers un autre monde, un peu saoulé de voir des années d’effort à essayer de convaincre réduits à néant en 2 tribunes…
(n’hésitez pas à faire tourner si vous êtes d’accord : SOYONS NOUS MEME LE CHANGEMENT QUE NOUS VOULONS VOIR DANS LE MONDE !!!)
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Outhsy
Un grand merci pour cette article tellement vrai!!! La meilleure façon de provoquer des changements, c’est de montrer l’exemple et non pas de dire à l’autre qu’il faut changer!!!
Sur ces quelques mots, je vais aller m’occuper modestement de mon potager et de mes quelques animaux pour nourrir ma petite famille à ma petite échelle 😉
Arnaud
Merci de ton message !
Potager, poule, consommation responsable : autant de petits gestes qui, justement, peuvent construire ce fameux “monde de demain”. Concrètement !
david
[ironie]J’ai pas compris, il y a une campagne de don pour le monde d’après ?[/ironie] 🙂