Comment survivre au déménagement quand on change de vie en famille

Changer de vie et déménager… Les deux vont bien souvent de pair. En effet, rien de tel que de changer d’environnement pour avoir l’impression de tout changer, de remettre les compteurs à zéro. Quand on parle de changer de vie, beaucoup d’entre-nous s’imaginent partir à la campagne, à la mer, à la montagne, à l’étranger. Comme si simplement changer de cadre de vie suffisait à changer son quotidien. Comme je le mentionnais dans un article précédent La genèse d’une décision irrévocable, selon une étude de Cadremploi d’Août 2017 sur les cadres parisiens, 80% sont prêts à quitter Paris, dont 94% dans les 5 ans à venir, et 91% recherchent un meilleur cadre de vie. Quitter Paris, c’est donc simplement partir en province, et on ne parle même pas de changer de travail, de mode de vie, etc…

D’un autre côté, le déménagement fait peur! C’est d’ailleurs bien souvent un des obstacles premiers au changement de vie : si je change de travail, je ne gagnerai peut être pas autant d’argent, ce qui veut dire qu’on devra déménager… Or déménager c’est pénible, surtout en famille. Il y a des démarches à effectuer, ça coûte cher, c’est fatigant et stressant… On est si bien ici… Et les enfants ont trouvé leurs marques… Certes. Mais il est de toute façon toujours plus confortable de ne rien faire que d’avancer dans l’incertitude (et encore…).

Pour nous, quitter Londres pour revenir en France a été un succès! Tout d’abord tout s’est très bien passé, nous avons très bien vécu cette transition. Cela aura aussi été la première étape concrète de notre changement de vie, qui était attendue avec tant d’impatience! Nous vous livrons ici les étapes que nous avons suivies et partageons avec vous quelques conseils.

1) Fixer une date pour rendre les choses concrètes

Changer de vie pour déménager ou déménager pour changer de vie? Telle est la question. Par quoi commencer? Pour nous cela aura été la deuxième proposition. Car nous avons décidé de la date de notre déménagement de Londres avant de savoir où nous irions, quand nous nous installerions et quelle serait notre situation en termes de boulot. Pour nous, penseurs, mais surtout procrastinateurs de haut niveau, nous mettre un peu de pression au niveau du calendrier aura été une bénédiction. Mais cela nous a surtout permis de mettre en place un rétroplanning solide afin de ne rien oublier et surtout de ne pas être dépassés, car à ce moment-là Thibaud travaillait beaucoup et je m’occupais d’un bébé d’à peine 3 mois. Ainsi la date de fin Novembre-début Décembre 2017 a été fixée bien en amont. Nous avions choisi cette période car nous nous disions que de toute façon nous serions en France dans nos familles pour la période de Noël, donc autant économiser le loyer (cher à Londres…) de Décembre! Et nous avons tenu le pari!

2) Organiser un rétroplanning et adopter le Kanban

A partir du moment où la date était fixée, il a été relativement aisé de construire un rétroplanning. Nous avons:

• Défini toutes les actions à effectuer: faire un budget, faire nos scénarios de transition, faire des devis, démarches ou recherches, faire un grand tri, etc.
• Priorisé ces actions en termes de chronologie et d’importance
• Construit un rétroplanning sur 2017 pour étaler ces actions de manière réaliste. Dans la mesure où nous avions un jeune bébé, que Thibaud travaillait et que j’avais décidé de me lancer dans une formation d’herboriste dans l’année, mieux valait ne pas avoir à gérer toutes les actions un mois avant le déménagement, mais au contraire les étaler sur la période de temps dont nous disposions.

Une fois les grandes actions clairement définies, priorisées et fixées dans notre calendrier, nous avons pu utiliser notre super outil d’organisation familial: le Kanban!

Si vous n’avez pas encore dévoré l’article de Thibaud sur le sujet, je vous le conseille vraiment. Même si au premier abord le système d’organisation familiale que représente le Kanban semble un peu effrayant, contre-intuitif et lourd, on a très vite fait de se l’approprier, de l’adapter à ses besoins et envies…et d’en faire son meilleur ami! Nous avions donc une vision très claire des actions à faire sur toute cette période.

Notre fameux kanban familial

3) Construire un budget

Il ne faut pas se mentir. Déménager ça coûte cher. Mais l’avantage de préparer son déménagement à l’avance c’est qu’on peut 1) prendre le temps de comparer les options pour prendre celle qui nous convient le mieux et 2) provisionner les coûts à venir dans son budget bien en amont.

En ce qui nous concerne, après de nombreux déménagements en France, entre la France et l’Angleterre, et en Angleterre même, et après avoir testé différentes options (location de camion seul, aide familiale et amicale, location d’un camion avec l’aide d’un particulier…) c’est la première fois que nous avons décidé de prendre une entreprise de déménageurs professionnels. Autant nous étions d’accord pour tout emballer et déballer nous-mêmes, autant nous ne voulions pas avoir à transporter les caisses, gérer la location et la conduite d’un camion, tout en nous occupant d’un bébé.

Une des questions fondamentales à se poser lorsqu’on cherche à faire des devis pertinents de déménageurs est : combien de m3 me faut-il? Je ne sais pas si c’est moi qui suis bizarre, mais un m3, ça ne représente absolument rien pour moi. Bien sûr je sais que c’est 1m sur 1m sur 1m (bac ES option maths pour en arriver là quand même hahaha!), mais réussir à visualiser ce que cela signifie en termes de meubles, cartons, sacs et autres objets de formes excentriques qui peupleront le camion de déménagement, c’est au dessus de mes forces. En plus, pas de chance, il fallait que je fasse aussi cet exercice pour estimer nos besoin en termes de box de stockage une fois nos affaires en France, puisque nous n’avions pas encore trouvé de maison!

Il existe cependant des plateformes de devis où on vous aide à estimer vos besoins en fonction de ce que vous souhaitez emmener, pièce par pièce. J’avais aussi une vague idée de ce que peut représenter un déménagement relativement raisonnable en ayant travaillé en ressources humaines sur des expatriations de salariés.

Pour nous faciliter la vie sur les devis des déménageurs, nous avons utilisé un broker spécialisé dans les déménagements européens qui, pour quelques dizaines d’euros, s’est occupé de contacter tout son réseau de déménageurs et de rassembler pour nous les meilleures offres.

Bien entendu notre objectif était d’être le plus raisonnables possible pour éviter de dilapider nos économies dès le déménagement censé ouvrir la voie de notre changement de vie! En fonction des services proposés par les déménageurs, nous avons rapidement éliminé certains devis bien trop onéreux ou bien trop sommaires. Mais plutôt que de chercher à faire rentrer toutes nos affaires telles quelles à tout prix, nous avons tenté de prendre le sujet à l’envers : Que souhaitions-nous ABSOLUMENT garder? Qu’est-ce qui nous était indispensable et irremplaçable? Je vous en dis un peu plus dans le paragraphe dédié au tri.

L’avantage d’avoir préparé notre déménagement bien en amont, c’est aussi que nous n’avons pas eu à brader les affaires que nous vendions, nous avons pu attendre d’avoir un acheteur sérieux. Nous avons aussi pu nous adresser à nos commerçants locaux pour récupérer des cartons gratuitement ! Cela aide au niveau du budget!

4) Lister les démarches à effectuer

Pour tous les déménagements, grands ou petits, il y a des démarches à faire, notamment des changements d’adresse, des fermetures de comptes ou de contrats, etc. Encore plus si on déménage d’un autre pays. Encore pire si on rentre en France… Une des étapes les plus difficiles de la préparation de ce déménagement aura été de savoir ce que nous devions faire comme démarches côté français, faire le tri entre ce qui devait se faire avant de partir, au moment du départ ou de l’arrivée, une fois installés dans notre nouvelle maison, etc.

Parce qu’il ne faut pas s’imaginer que revenir en France après plusieurs années, c’est juste le retour au bercail. Je dirais qu’il s’agirait plutôt d’une nouvelle expatriation (en pire !) (j’y faisais notamment référence dans mon article rapide sur notre installation en Bourgogne)

(NB: je tiens quand même à préciser que nous sommes actuellement en Juin 2018, et nous n’avons toujours pas été rattachés au régime général de la Sécurité Sociale, bien qu’étant normalement éligibles depuis Janvier…)

Nous avons donc dû définir TOUT ce qu’il y avait à faire (et ce n’a pas été une mince affaire) et construire un calendrier qui dépassait la date du déménagement pour les démarches à effectuer depuis la France.

Je souhaiterais ici partager quelques sites/forums qui nous ont bien aidés sur le sujet.

• Simulateur des démarches par le Ministère des Affaires Étrangères

http://retour-en-france.simplicite.fr/ext/REFFront

• Site du consulat de France à Londres
• Forum facebook ‘Retour en France après une expatriation – Groupe d’entraide’

Les membres de ce groupe sont vraiment très sympas, solidaires et réactifs, quelque soit les questions posées. Il ne faut pas hésiter

5) Faire un grand tri AVANT de déménager

Comme je le mentionnais précédemment, nous n’avons pas cherché à faire rentrer toutes nos affaires dans un camion. Nous voulions absolument faire un grand tri avant de partir. Mais quand je dis tri, je ne parle pas juste de mettre de côté les affaires que nous n’aimions plus trop.

Dans une démarche de progression vers un mode de vie plus minimaliste avant l’arrivée du bébé, nous avions déjà effectué un grand tri, en nous inspirant en partie de la méthode de Marie Kondo, La magie du rangement, en auditant chaque pièce de notre appartement, et en nous séparant des objets qui ne nous étaient plus utiles ou qui ne nous ‘donnaient plus de joie”.

Attention, je tiens à préciser que nous avons jeté un minimum d’affaires, que ce qui était cassé, ou trop usé/abîmé pour être donné ou vendu. Ayant un véritable problème personnel avec le gaspillage, la référence constante de Marie K. à des ‘sacs poubelles’ dans son ouvrage m’a hérissé le poil tout au long de ma lecture!

Le méga tri des vêtements avant l’arrivée de bébé…  J’en ai encore des frissons !

Au moment du déménagement, nous avons pris en compte le fait que chaque meuble que nous gardions prenait de la place 1) dans le cubage du camion, 2) dans le cubage du box. Nous nous sommes donc débarrassé de TOUS les meubles type Ikea de base, qui nous revenaient plus cher à garder qu’à racheter une fois en France. En plus nous n’étions même pas certains de ne pas avoir de meubles en France dans notre nouvelle maison que nous n’avions pas trouvée!

Dans cette démarche, nous avons beaucoup utilisé les plateformes anglaises du type Leboncoin ou Freecycle afin que ces objets retrouvent un propriétaire rapidement. Nous n’avons que très peu jeté.

6) Préparer l’après déménagement: notre période de transition

Pour nous, c’était le saut vers l’inconnu! Nous n’avions pas de future maison qui nous attendait. Nous n’étions même pas certains du département exact où nous souhaitions nous installer (nous avions juste des vues sur le Morvan en Bourgogne!). Du coup nous avons dû préparer cette période de transition que nous allions vivre, en sachant très bien que nous ne trouverions pas cette nouvelle maison en 5 minutes,  en imaginant différents scénarios.

Nos familles , le cœur sur la main, nous ont chaleureusement accueillis tous les trois le temps de notre installation, trop heureuses de nous voir revenir ‘à la maison’ et de pouvoir passer du temps avec bébé E. qu’elles n’avaient vu que trop peu. Cela aura tout de même duré 2 mois et demi.

Cette période où nous étions hébergés pourrait faire l’objet d’un article particulier si certains d’entre vous souhaitent avoir nos conseils mais il a fallu prendre en compte la nécessité de maintenir un équilibre familial dans ce chamboulement de nos vies:

• Nous qui étions des parents relativement ‘cools’ au sujet des repas, du coucher pour bébé E., nous avons essayé d’instaurer des rituels, notamment de coucher, avec lecture de petit livre, câlin, doudou, musique douce, veilleuse, afin de pouvoir le reproduire à l’identique une fois en ‘camping’ dans nos famille, même si ce n’était plus la même chambre ou le même lit. Je vous conseille d’ailleurs de lire l’article d’Arnaud sur le sommeil des enfants sur le blog Devenir-papa.com, car il a été notre source d’inspiration sur les rituels de coucher de son neveu.

Ce qui nous a aidé dans la transition: une routine du coucher qui roule (à peu près :S!)

• Afin d’éviter une longue période de stress intense à notre chat, je l’ai amené chez ma sœur dès Novembre, pour qu’il n’assiste pas au rangement dans les cartons et au déménagement. De plus il aurait été compliqué de le garder avec nous dans nos familles lorsque nous étions hébergés. Nous l’avons récupéré une fois installés dans notre nouvelle maison (et les cartons déballés!) et l’acclimatation aura été bien plus facile!

Surtout, pas de stress pour le chat…

• Nous avons tout fait pour préserver nos routines familiales au maximum, notamment l’utilisation de nos outils d’organisation comme le Kanban ou le calendrier en passant provisoirement à un format numérique ou un format papier réduit. Nous avons également développé des routines spécifiques liées au fait que nous n’étions pas chez nous, que nous avons maintenant adoptées quand nous partons en voyage. Céline nous a concocter un prochain article sur les routines si vous voulez en savoir plus.

7) Le départ : clôturer un chapitre de sa vie

C’est sûr, quand on déménage on est en général super motivé à l’idée de la nouvelle vie qui nous attend. Comme je le mentionnais plus haut, déménager en soi peut être un changement de vie, ou au moins le début d’un changement de vie. Mais il est aussi important de clore comme il se doit le chapitre précédent de sa vie.

Nous avons aimé beaucoup de choses à Londres: nos amis, des lieux, des expériences. Aussi nous avons pris soin lorsque nous préparions notre rétroplanning d’identifier tous les lieux que nous souhaitions revoir au moins une fois avant de partir: nos anciens quartiers de vie ou de boulot, nos restaurants préférés, là où nous nous sommes fiancés, mariés. Là où notre bébé a vu le jour. Même si notre liste était certainement idéalisée et que nous n’avons pas pu tout faire, nous avons pu refaire beaucoup de choses, donnant moins un goût d’inachevé à notre départ.

Et puis, il y a aussi eu notre brunch d’au revoir, où nous avons invité toutes les personnes qui nous avaient été chères durant cette vie londonienne et à qui nous souhaitions dire merci et au revoir! Toutes n’ont pas pu venir bien entendu mais le cœur y était des deux côtés!

L’avantage d’avoir préparé ce déménagement bien en avance, c’est que nous avons pu être totalement conscients (‘mindful’ comme nous aurions dit autrefois ;)) de chaque instant que nous savions être le dernier, même quand cela se passait 5 mois avant le départ.

Byebye London

8) Autres ressources utiles

Voici en bonus quelques autres sites utiles pour préparer son déménagement, en particulier dans le cadre d’un changement de vie.

• Le magazine en ligne ‘Paris, je te quitte’ qui fourmille de conseils, astuces et témoignages en tout genre.

http://paris-jetequitte.com/

• Quelques postes de blogs sur le déménagement minimaliste

http://vivreavecmoins.com/demenagement-leger-comment-y-arriver/

http://lemoncoco.fr/mon_demenagement_minimaliste/#.WxWvkZ8zbIU

http://www.mamzelleemie.com/demenagement-minimaliste/

• Un très bon reportage sur les tiny houses, phénomène des maisons minuscules, qui peut, peut-être, vous inspirer et vous aider à faire le tri dans vos affaires!

https://www.youtube.com/watch?v=BuMbFgc9Pcw

Et vous? Voyez vous le déménagement comme un début de changement de vie qui vous inspire ou qui vous fait peur? Comment vous y prenez vous ou vous y êtes vous pris pour déménager en ‘famille durable’ ? Avez-vous des conseils à partager?

Blandine