Aujourd’hui, je suis en colère.
En colère parce que ma fille a eu un accident.
Un accident de vélo, impliquant un camion benne.
Et ce alors que du haut de ses 4 ans, elle roulait tranquillement en vélo sur le trottoir à la sortie de l’école pour rentrer à la maison.
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Je vous rassure tout de suite : plus de peur que mal. Après consultation chez le médecin, pas de blessure grave. Juste une grosse bosse et une énorme frayeur.
Mais l’issue finalement heureuse de cet accident ne change rien à la rage que je peux ressentir au fond de moi, ce soir, en écrivant ces lignes.
La rage d’un parent qui essaie, au quotidien, dans sa démarche “famille durable”, d’adopter un mode de déplacement “doux” comme le vélo et qui en vient aujourd’hui à se demander s’il ne devrait pas renoncer tant faire du vélo, en France, confine parfois au sport extrême.
Quand nous avons quitté Paris pour la banlieue “grande couronne”, un de nos objectifs était notamment de pouvoir envisager de circuler plus facilement et librement en vélo, compte tenu notamment de la présence de l’immense Parc de l’Orge à quelques centaines de mètres de la maison.
Et force est de constater que dès que notre ainée eut atteint l’âge canonique de 9 mois, nous l’avons mise dans un siège bébé sur le vélo de maman, et nous pédalons joyeusement presque tous les jours en ville, laissant très souvent la voiture au garage.
Cette habitude que nous avons ancrée dans notre vie, nous en sommes à la fois heureux et fier.s
Heureux car elle nous permet d’entretenir notre santé, tout en évitant de cramer ce si précieux pétrole pour de banales broutilles.
Heureux car elle a aussi permis de changer notre rapport au temps, en considérant qu’on est rarement à la minute près pour faire les choses, et donc en se donnant le temps d’apprécier nos trajets du quotidien.
Fier, enfin, car ancrer une habitude n’est pas simple, surtout au milieu du rythme “métro-boulot-dodo”
Et fiers, surtout, car aujourd’hui, pour notre ainée, le vélo est, avant la voiture, le mode de déplacement “par défaut”, alors même que du haut de ses 4 ans, certains trajets peuvent être longs ou difficiles.
Mais aujourd’hui, je suis dégouté.
Car cet accident est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Cet accident qui a touché un être qui m’est le plus précieux est en fait l’aboutissement d’une série de comportements inacceptables des automobilistes que je constate au quotidien depuis que je suis “cycliste”.
Oui, il y a aujourd’hui de nombreux comportements dangereux de la part des automobilistes, qui mettent en danger la vie des cyclistes, mais aussi des piétons.
Comme la fois où ce bus a grillé un feu rouge quand ma femme s’engageait sur le carrefour, avec ma fille derrière elle. Et qu’il a pilé au dernier moment.
Comme la fois où je me suis fait insulter parce que monsieur l’automobiliste trouvait anormal que je ne roule pas dans le caniveau pour lui laisser + de place pour me doubler (vous savez,
ce caniveau tout pourri, en pavé, où certains automobilistes voudraient nous cantonner pour ne pas se fouler le poignet et tournant le volant un peu plus loin)
Comme toutes ces fois où le mec te double en te frôlant, en foutant un bon coup d’accélérateur pour te faire comprendre que tu l’as fait chier en roulant trop lentement
Comme toutes les fois où, piéton, j’attends que 15 voitures passent pour pouvoir traverser avec ma fille sur son vélo et mon fils dans la poussette.
Jusqu’alors, tous ces incidents n’avaient prêté à aucune conséquence.
Jusqu’alors, nous avions simplement eu peur, ou enragé de ces comportements malpolis et dangereux.
Mais ça, c’était avant aujourd’hui.
Avant la blessure physique.
Avant qu’un enfant, que mon enfant percute une putain de camionnette sortant d’un garage en marche arrière, aux abords d’une école, à 16h, sans regarder derrière.
Alors que dois-je dire à ma fille : “finalement, achète toi un Hummer, et écrabouille les autres, sinon c’est toi qui sera écrabouillée” ?
C’est ça l’histoire qu’un père doit raconter à sa fille, quand elle voit (et maintenant vit) la dangerosité du déplacement “non polluant” dans nos villes ?
Au fond, la France se gargarise de ses efforts en terme d’écologie. Mais côté circulation douce, nous en sommes à la préhistoire. Et les incantations ne sont que trop rarement suivies des actes.
Alors certains m’objecteront qu’il y a beaucoup de cyclistes et de piétons qui se comportent mal également.
Peut-être oui.
Mais dans notre cas… eh bien c’est rarement le cas. Et ça ne l’est même pas du tout dans le cas de ma fille.
Et surtout, mais alors surtout, l’immense différence entre un cycliste et un automobiliste, c’est que pour le premier, son comportement inapproprié ne met que sa propre vie en danger. Alors que pour l’automobiliste, c’est l’inverse : c’est la vie de l’autre qu’il met en danger. Et ce constat change tout.
Bref, je suis en colère contre tous ceux qui n’ont toujours pas compris que la route se partage. Et que nous avons tous le droit, y compris piétons et cyclistes, d’avoir notre part de voirie sans devoir nous excuser ni risquer notre vie.
PS : à l’heure où je poste ces lignes, une voiture vient de passer en trombe dans notre rue, petite rue pavillonnaire où habitent des dizaines d’enfants…
PS2 : merci le casque…
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David
Bonsoir,
autant je ne dédouane pas la vitesse excessive de beaucoup (notre maire fait en sorte d’encourager la grande vitesse dans la commune, et en parallèle détruit les trottoirs, source d’engueulade régulière avec elle.)
Mais dans l’histoire que vous racontez, il faut aussi voir le point de vue du conducteur.
Il sortait de chez lui, en reculant avec un camion benne.
En gros, il recule en direction d’un énorme point mort de visibilité (il ne peux pas voir derrière la benne).
Donc il a peut être juste pas vu votre enfant, car il n’était pas visible lorsqu’il a engagé la manoeuvre.
Une expérience de conducteur : j’ai shooté un piéton il y a quelques années.
Je regarde à droite, rien, j’avance doucement car priorité à gauche avec une visibilité quasi nulle.
Et le temps d’avancer, un piéton dans l’angle mort de la structure de la voiture avance sans freiner pour traverser.
Perso, concentré sur la gauche, avec un piéton dans l’angle mort à droite, ça n’a pas raté.
Certes le choc fut ridicule, car je roulais à 5km/h, mais j’était quand même en train d’avancer.
Ca aurait un enfant, ça aurait été pareil, angle mort + voie dangereuse, on ne peux pas être efficace de partout!
Je ne dit pas qui a tort ou qui a raison, mais surtout que la route est une zone dangereuse, que ce soit en voiture, à pied ou en vélo.