L’autre jour j’ai lu quelques statistiques que j’ai trouvées très intéressantes :
Selon une étude de Cadremploi d’Août 2017 sur les cadres parisiens, 55% sont insatisfaits de leur situation (dont une grande majorité à cause du temps de transport), 80% sont prêts à quitter Paris, dont 94% dans les 5 ans à venir. 90% sont prêts à faire des concessions pour vivre en région, dont 56% une baisse de salaire ( !). 91% des cadres recherchent un meilleur cadre de vie.
Tout le monde veut changer de vie. D’une manière ou d’une autre. On y a tous pensé lors d’une activité un peu nouvelle, un peu différente, type voyage au bout du monde ou séjour à la campagne (pour la version positive), ou bien après une très mauvaise journée au boulot (pour la version moins positive…). Mais on y a forcément tous pensé au moins une fois. Pour la plupart d’entre nous l’idée s’est arrêtée là. Elle revient de temps en temps, comme une pensée réconfortante que l’on a toujours le choix, on a toujours une porte de sortie si on le souhaite.
Certains y ont un peu plus réfléchi. Peut-être parce que leur envie (ou ras-le-bol) était un peu plus fort. Ils ont commencé à évaluer des options : ou pourrais-je aller ? Que pourrais-je faire pour vivre ? Bien souvent ceux-là ont rapidement déchanté en mesurant la difficulté d’un changement. Peut-être parce qu’ils ont des contraintes importantes qui les retiennent selon eux comme des boulets, comme un prêt bancaire ou de nombreuses bouches à nourrir. Ou bien ils ont réalisé qu’ils n’étaient pas prêts à renoncer à leur confort de vie, à leurs vacances deux fois par an au bout du monde, à leurs sorties au restaurant, en boite de nuit, au ciné, à leur abonnement au club de gym, au shopping etc., et que finalement, leur vie n’était pas si mal, et qu’il était normal de ne pas TOUT aimer dans sa vie ou qu’on ne pouvait pas être TOUT le temps heureux…
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Je trouve que rêver est une très bonne chose. Je pense que les rêves nous réconfortent en cas de coup dur, ou nous poussent à avancer dans la vie en nous faisant sentir que nous sommes maîtres de notre destin. MAIS, je voudrais tout de même savoir comment se sentent REELLEMENT ces personnes qui ont catalogué ces idées au statut de fantasme. Sont-elles heureuses au quotidien ? Quel est le poids de ce malaise qui fait que ce rêve de changement persiste tout de même ? De manière totalement rationnelle, est-ce que le bonheur qu’elles arrivent à tirer d’une petite partie de leur vie quotidienne (peut-être leur famille, ou leur loisir, etc.) est au moins équivalent au poids des contraintes de tous les jours qui leur donne cette envie d’échappée belle ?
Je suis passée par ce processus psychologique et notamment par cette idée que finalement, je n’étais pas à plaindre. Malgré quelques drames familiaux (mais qui n’en as pas ?), je me sentais appréciée par mes proches. J’avais un mari aimant et attentionné, avec lequel je ne m’ennuyais jamais, et avec des projets de famille. J’avais des loisirs qui me satisfaisaient. Après des études brillantes j’avais pu choisir le métier que je souhaitais, dans un grand groupe de renom, dans lequel j’avais une carrière quasi toute tracée. J’avais pu m’installer en Grande-Bretagne comme je le souhaitais et je gagnais suffisamment ma vie pour vivre très correctement…
MAIS… je n’étais pas complètement / honnêtement heureuse dans mon quotidien. J’étais très stressée et anxieuse au sujet de mon travail. Je rencontrais des situations sociales qui n’étaient pas évidentes, entremêlées de politique et guérillas internes. Tout en ressentant une pression importante, je m’ennuyais au travail. J’avais l’impression de passer trop de temps sur de l’admin, pas assez sur des vraies RH. J’étais très fatigué, en partie par de longues horaires, en partie par le stress, donc je n’avais pas vraiment le temps ou l’énergie de profiter de mon mari, de ma famille, de mes amis, ou même de mes loisirs autant que je l’aurais souhaité. Par ailleurs, puisque je vivais en Angleterre, je ne voyais pas très souvent ma famille. Oui, sur le papier, Londres-Paris c’est à côté. Sauf que, par la terre, la mer, les airs, les billets de transport sont assez chers, ce qui obligeait à limiter les visites dans les deux sens. Et je ne profitais même pas vraiment de ma chère Londres que j’avais tant voulu rejoindre. Nous avions dû déménager en dehors du centre-ville pour pouvoir se payer l’espace dont nous avions besoin et le travail et le fatigue faisaient que je sortais de moins en moins. En réalité, à part pour la langue, j’aurais pu être n’ importe où dans le monde et faire ma routine métro-boulot-dodo. VALEURS
Et la vient le doute : est-ce que je suis censée continuer comme cela pendant 40 ans ?
Par ailleurs, comme expliqué dans l’article Duel des familles : les déclics, les tracas et évènements de la vie normale nous ont également heurtés de plein fouet et ont ébranlé nos certitudes sur le monde qui nous entourait. Nous n’aimions pas nos jobs. Pourquoi passer autant de temps au quotidien sur ce que l’on aimait le moins dans notre vie ? Dans notre vie telle que nous la menions, n’étions-nous pas un tout petit rouage d’une grande machine économique sans foi ni loi que nous haïssions et qui écrase la majorité des gens au profit d’une toute petite élite ? Notre mode de vie n’encourageait-t-il pas une société qui a fait de la consommation à outrance sa principale valeur ? Est-ce que nous pouvions vraiment continuer ainsi ?
Aussi inconfortable et désagréable que cela a pu être, la réponse était NON. Une fois ce constat fait et surtout accepté, le fantasme du changement de vie a davantage relevé de la nécessité que du doux rêve. Peut-être qu’il s’agit d’une utopie et que la vie à laquelle nous aspirons n’existe pas. Mais nous avons décidé d’essayer, maintenant, le plus vite possible, avant que notre vie d’aujourd’hui nous abîme durablement et nous enchaîne définitivement à nos ‘carrières’, crédits a la consommation, vacances au soleil, frais de scolarité, voitures, maisons, gadgets en tout genre, pour nous paralyser à tout jamais. Agissons avant d’avoir trop à perdre ! Et nous pensons qu’il est possible de mener une vie qui soit en accord avec nos valeurs profondes, et d’avoir un travail qui respecte ces valeurs et qui nous plaise.
C’est d’ailleurs une remarque que mon père m’a faite un jour quand j’ai commencé à lui parler de notre projet de changement de vie. Quelque peu perturbé par ma volonté d’être absolument heureuse au travail, il m’a confié que pour lui le travail était forcément une contrainte, qu’on était d’ailleurs payé pour cela, et que l’important était plus d’être heureux une fois rentré chez soi. Cette remarque m’a à la fois fait sourire et fait beaucoup de peine. Je le connais ce discours puisque je l’ai moi-même tenu. Ayant travaillé dans les ressources humaines, la conceptualisation du travail, du rôle de chacun dans le microcosme qu’est l’entreprise, l’équilibre à trouver dans les intérêts des différents acteurs économiques, ne me sont pas inconnus. Mais en même temps, il s’agit de mon père. Et voir la lueur d’excitation et d’intérêt à l’évocation de nos projets, teintée de regrets par la réalisation de ce qu’il aurait pu lui-même faire s’il avait suivi le même chemin que nous, m’a brisée le cœur et renforcée dans l’idée qu’il fallait à tout prix bouger maintenant.
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Constance
Blandine, super contente de suivre votre cheminement via ce blog! Je suis à fond derriere vous, c’est notre responsabilité à chacun d’etre la meilleure version de nous même, et c’est superbe de se donner les moyens d’y arriver! Clapement des mains et les deux pouces levés! Gros bisous
Blandine
Merci Constance! Ce n’est pas toujours évident mais la prise de décision ferme est une étape très importante pour moi! Beaucoup de choses suivent naturellement.
En tout cas vous êtes une inspiration, j’espère que votre tour du monde se passe bien et que vous en prenez plein la vue!
Bises
Estelle
Bravo Blandine ?J’adore ton raisonnement, ta vision de la vie, des choses… Bonne continuation et bon courage
Bisous
Blandine
Merci Estelle!
Aurelie Caseiro
Bonjour Blandine,
Nous étions au lycée ensemble et je suis admirative de la démarche entamée ! Je suis arrivée au même constat, pas au même stade mais j’y travaille. J’ai commencé par prendre rendez vous avec un coach en développement personnel. . Je suis très attentivement ton blog et je te souhaite de trouver l’épanouissement recherché!
Au plaisir de te lire!
Blandine
Bonjour Aurélie ! Je suis ravie que cette démarche te parle ! Ces choses prennent du temps. Les choses s’accélèrent pour nous ajourd’hui justement parce que notre démarche est réfléchie et que cela fait maintenant presque deux ans que nous la mûrissons (un bébé est passé par là aussi ?). C’est une très bonne idée de faire appel à un coach, surtout si tu as des difficultés à trouver seule les voies qui te conviendraient. Mais il faut aussi trouver le coach et la méthods qui te conviennent alors n’hésite pas à en changer si tu as un doute et ne te décourage surtout pas ! Bravo et tiens moi au courant !
david
Bonjour,
Beaucoup arrivent effectivement à ce rêves, mais peu sont prêt à quitter le rêve pour passer à la réalisation.
C’est une démarche de longue haleine et il faut vraiment vouloir pour arriver à concrétiser ses rêves.
De mon côté, mon problème reste la question du revenu après avoir sauté le pas!
Et malgré pas mal de recherche, j’ai toujours pas la réponse. (l’inconvénient d’être un cadre spécialisé)
Blandine
Il est vrai que sauter le pas est souvent effrayant et bien se préparer au changement de vie prend beaucoup de temps. C’est même un test en soi de voir si on est prêt à patienter et si l’envie est toujours là après quelques années de préparation avant le grand saut!
La question de l’argent est en effet fondamentale, et nous avons l’intention de faire un article sur ce sujet en particulier. Tout dépend cependant du rêve que l’on a. En ce qui nous concerne, nous avons fait le calcul que notre mode de vie sur le long terme ne nécessiterait pas de gagner énormément d’argent. Par contre il y aura un investissement de base, ainsi que la nécessite d’avoir de l’argent en cas de coup dur. Les deux opportunités que nous avons identifiées étaient donc à la fois de gagner un maximum d’argent avant de se lancer (avec des choix de carrière en conséquence ces dernières années), de mettre un maximum d’argent de côté ET de mettre en place un mode de vie durable le plus économe possible depuis des mois afin que les habitudes s’ancrent le plus tôt possible. Evidemment chaque cas est différent mais il est important d’actionner les différents leviers.
Par ailleurs nous essayons d”assurer nos arrières’ sur le moyen-long terme en explorant différents moyens de gagner de notre vie en support du lancement de notre projet. Pour nous la diversification des sources de revenu est clé afin d’éviter de se retrouver piégés! Mais le fait d’être à plusieurs dans cette aventure est un véritable avantage!