Je ne vais pas faire le faux-modeste. Oui j’étais bon à l’école. Je travaillais bien, j’avais des bonnes notes, j’ai toujours eu beaucoup de 1 en primaire, et les félicitations systématiquement jusqu’en terminale avec mention TB au bac à la clé. J’ai réussi des concours très sélectifs, et j’ai même été diplômé de mon master cum laude (alors même que ça servait à rien). J’ai souvent été le chouchou de bon nombre d’enseignants, et scolairement il n’y a guère qu’au concours Kangourou que je n’ai jamais rien eu. On trouve toujours certes meilleur que soi, mais scolairement j’ai globalement toujours fait partie du top 3, et donc plutôt la satisfaction de faire partie de ceux à qui la partie profite.
Désolé pour l’étalage du CV qui pourrait confiner à la prétention mal placée, mais lorsqu’on essaie de faire preuve de lucidité sur soi comme c’est mon cas, on s’efforce à voir les réalités plaisantes autant que celles qui sont douloureuses. En fait, si je commence par ça, c’est que justement, en fait j’y vois quelque chose d’éminemment douloureux, ou pour le moins très ironique. Je suis aujourd’hui en effet le premier à critiquer l’école. Pas seulement l’école telle qu’elle est devenue en France, avec le niveau qui baisse et tout ça, je parle bien du modèle scolaire en tant que tel. Au point que j’envisage sérieusement de ne pas y mettre les miens pour leur offrir un autre modèle d’éducation et d’instruction.
Paradoxe, paradoxe… Ce que j’ai listé dans le premier paragraphe aurait normalement dû construire ma confiance dans le système scolaire étant donné que j’y ai moi-même trouvé mon intérêt ainsi que de bonnes raisons de flatter mon égo. Et c’est une loi plutôt universelle que de croire qu’on ne remet pas en cause les règles d’un jeu auquel on gagne à chaque fois. Et pourtant… comme je vous dis, je suis extrêmement critique envers le système scolaire.
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En fait, j’en veux même beaucoup à l’école.
Je lui en veux beaucoup parce que j’ai l’impression qu’elle m’a filé de bonnes notes pour se dédouaner de m’apprendre à être un homme libre et épanoui.
Je lui en veux parce qu’elle m’a fait croire que dans la vie il suffisait d’avoir de bonnes notes pour que toutes les portes s’ouvrent.
Je lui en veux parce qu’elle m’a fait croire que dans la vie toute récompense était fonction de la quantité de travail qu’on y mettait.
Alors quand on se rend compte que pour beaucoup de choses dans la vie cela ne fonctionne pas comme ça, et bien on déchante un peu. On se rend compte qu’il ne suffit pas de travailler comme si on attendait un bon point ni pour réussir, ni pour s’épanouir…
Et on se retrouve un peu bête. On se retrouve un peu comme un élève justement, qui attend sagement devant sa copie qu’on lui dise ce qu’on attend de lui, alors que les bons élèves sont déjà en train de cravacher à côté et en train de prendre de l’avance.
C’est peut-être mon ressenti me direz-vous, mais je pense que c’est une énorme faille du système scolaire, car au fond ce qui suit reste inscrit dans ses gènes.
Si le savoir libère certainement l’homme, l’école lui fait croire qu’il lui faut hypothéquer son présent pour réussir son avenir. Qu’il faut tout sacrifier à l’étude présente pour qu’un jour le sésame de la réussite sociale et du bonheur s’ouvre à nous.
« Passe ton bac d’abord » disait-on à la jeune génération qui se prenait à rêver, afin de lui rappeler qu’il faut savoir faire ce qui faut avant même de faire ce qu’on veut, ou pire ce qu’on peut.
Car c’est ainsi qu’on passe les plus belles années de notre vie, avant que la vie elle-même se rappelle à nous, avec tous ses malheurs et ses injustices. Dans l’illusion d’un monde justement ordonné dans la dialectique de l’effort et de la note, à l’exclusion même du goût du savoir, de la curiosité, de l’esprit critique, de l’amour de la vérité et de la beauté.
Bref j’en veux beaucoup à l’école pour ce service qu’elle ne m’a pas rendu. Marc Bloch disait d’ailleurs qu’il ne fallait jamais être le premier à l’école, car on était prisonnier d’un système désuet, que l’on avait trop embrassé pour être capable de s’en affranchir… Parfois je me pose un peu la question – ma démarche de changement de vie est-elle ma tentative de m’en échapper ?
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